Hans Jörg Glattfelder
Balises d’un parcours
« L’entreprise de réunir des oeuvres issues d’une activité s’étalant sur plusieurs décennies, comme dans cette exposition, suscite la curiosité d’y découvrir une évolution ou une continuité.
Quel est, en effet, le fil conducteur entre mes reliefs très structurés, colorés et optimistes des années 60, les ‘métaphores non euclidiennes’ des années 80 ou encore les investigations sur la matérialité de la couleur de ces dernières années ?
Au delà des différences une thématique me semble -t-il y est toujours présente : celle de mettre au centre de l’attention la perception de l’espace. L’espace, chacun sait ce que c’est : on le parcourt, on y vit, on l’occupe. Et pourtant, dès que la réflexion aborde rigoureusement le phénomène, l’espace nous apparaît aussi mystérieux que le temps.
C’est dans cet esprit d’étonnement que je conçois mes tableaux et reliefs. Et c’est dans cet état d’esprit que ces oeuvres se révèlent pleinement à qui les observe. Dans et par une oeuvre ainsi conçue on trouve un lieu privilégié où réfléchir sur sa propre perception, pour ‘percevoir la perception’, en particulier la perception de l’espace. C’est la raison principale pour laquelle je situe ma recherche – dont la racine phénoménologique est évidente - dans la tradition de l’art concret : c’est le seul courant artistique qui, dès ses origines en 1930, a opéré la révolution de déplacer l’intentionnalité dans l’œuvre d’art du signifié au signifiant, du contenu au signe. Cette inversion implique que l’oeuvre d’art concret signifie rien d’autre que soi même et que l’espace occupé assume donc une importance de premier ordre.
Et ceci correspond parfaitement à l’orientation de mes recherches. »
Paris, novembre 2007
Glattfelder
Hans Jörg Glattfelder, peintre et auteur constructiviste, est né à Zurich en 1939.
Dans un premier temps son travail artistique se ressent de l’influence du mouvement appelé « art concret Zurichois », mais très tôt il prend son propre chemin. En 1961 il s’installe en Italie et entre en contact avec les mouvements d’avant-garde. Vers la fin des années 60 ses recherches portent sur comment créer des œuvres d’art en utilisant les moyens de la production industrielle et anonyme
(« reliefs à pyramides »). Dans les années ’70 Glattfelder a thématisé la géométrie
« non-euclidienne » comme base de ses recherches artistiques (« métaphores non-euclidiennes »).
En 1987 il reçoit à Zurich le prestigieux « Prix Camille Graeser », en 1992 se tient une rétrospective au Musée Albers à Bottrop, en 1997 à la Fondation Saner (Bienne, Suisse) et en 1999 au Musée d’Art Concret à Ingolstadt en Allemagne.
Dans de nombreux articles, interviews et contributions théoriques Glattfelder prend position pour un exercice de l’art basé sur l’esprit d’invention rationnelle (le « méta-rationalisme », théorie formulée en 1983) et il demande une ouverture réciproque et une communication interdisciplinaire entre les nombreuses expressions du « constructivisme » en science et en art (« constructivisme méthodique »).
De 1961 jusqu’en 1997 Glattfelder a résidé en Italie ; depuis 1998 il vit et travaille à Paris.
Informations détaillées dans la version française de : www.glattfelder.eu
Hans Jörg Glattfelder . Balises d’un parcours