Antoine Perrot

Peintures Porte-bonheur

Exposition passéeDu 7 avril au 14 mai 2011

Car tout est jeu, drôlerie, parodie non acide et toujours tendre, construction loufoque, dadaïsme léger, délesté de sa fièvre avant-gardiste, chez Antoine Perrot. Si l’artiste tend donc à disparaître derrière le jeu propre et aléatoire de ces couleurs toutes faites, c’est un peu à la manière du chat du Cheshire chez Lewis Carroll : le sourire évanescent d’Antoine Perrot flotte encore dans l’air ambiant et coloré de chaque œuvre, comme entre chaque titre et sa traduction anglaise toujours décalée. Et si ces peintures-objets sont davantage des appels à l’usage in vivo, plutôt qu’à la représentation in situ, c’est moins à la manière des usages réfléchis et réglés des joueurs frénétiques, qu’à la manière des jeux comiques et impossibles du même Lewis Caroll, dépourvus de sens et de règles d’usage mais non d’usages et d’enthousiasme : croquet de la reine ou chasse au Snark. La démocratie des couleurs est encore une vaste et loufoque comédie humaine.
En ce sens, cette idée formidable de « peinture porte-bonheur » ramène sans doute tout l’art contemporain à sa véritable modestie : ni transformer le monde, ni changer la vie, ni même « promettre le bonheur » suivant la définition stendhalienne de la beauté, mais peut-être, parfois, porter bonheur, dans le hasard d’une rencontre égalisant joyeusement stochastique artiste et superstition populaire, pour une fois envisagée avec affection. Car le charme effectif de ces peintures d’Antoine Perrot est bien que, sans promesse ni trompette, elles parviennent parfois à nous rendre heureux, à nouveau enfant rieur, car pour un instant délesté de l’alternative écrasante, mortifère, d’avoir à chaque instant soit à transfigurer le monde, soit à le mépriser.

Pierre Zaoui

vue_rdc_1.jpg
Vue_3.jpg
vue_rdc_2.jpg
Vue_1.jpg

Antoine Perrot. Peintures Porte-bonheur